Article de Anne Drif publié le 27 juin 2018 sur le site des ECHOS.
ENQUÊTE EXCLUSIVE. Depuis 2001, l’antiterrorisme monopolise l’essentiel des efforts des services de renseignement. Parfois au détriment de la défense économique. La délégation parlementaire au renseignement s’apprête à sonner l’alerte dans un rapport pour l’Élysée.
« Contre le terrorisme, le renseignement d’État, même le plus offensif, est avouable. L’espionnage économique est, lui, un tabou absolu », lâche un initié. Depuis 2014 et le tombereau d’amendes américaines infligées aux étendards de l’économie française. De BNP Paribas à Technip, l’enquête sur Airbus, la perte de grands contrats au Moyen-Orient, les piratages de données et des 22.000 pages sur les sous-marins de type Scorpène. La liste est longue de ces cas où l’État français a renoncé à réagir.
« L’affaire Alstom, les services de renseignement l’ont apprise par les médias », lance un fonctionnaire. « En Arabie saoudite, on a perdu le contrat du TGV à 6,7 milliards face aux Espagnols parce que l’Élysée a mis des mois à répondre au roi, rendu furieux », raille un professionnel. Quand la note des services secrets ne se perd pas tout bêtement dans les couloirs de l’administration. Par exemple, lors de l’offensive de Mittal sur Arcelor.
« Depuis les attentats, l’antiterrorisme concentre une part importante des moyens de la puissance publique, avise le président de la commission de vérification des fonds spéciaux à l’assemblée, Loïc Kervran. Or vos alliés, même les plus proches, dans la lutte contre le terrorisme sont des adversaires potentiels en matière de renseignement économique ».
Cette priorité met donc le second objectif des services en sourdine, quitte à avaler des couleuvres. « Nous n’irons jamais contre les intérêts américains, nos alliés contre le terrorisme », confirme Bruno Delamotte. Bruno Delamotte également président de Cofrexport, expert des services de sécurité et d’intelligence économique aux Etats.
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